LA BELLE RENCONTRE

Six heures du matin à Hanoï, minuit en france, M. Bich attend le petit groupe de Destinées, Nadine, son amie Annie, Joséphine, Antonio et nous. Un petit café dans l'aéroport pour nous apporter les dernières informations: Nous allons chercher Théo, tout de suite! Les autres aurons leurs enfants demain.

Je vous laisse imaginer le choc, tous les sentiments qui défilent, pas le temps de réfléchir malgré la fatigue, en route.

Nous partons avec M. Bich dans son 4x4 vers le Nord-Oest, à travers une campagne plate, la vallée du fleuve rouge semée de rizières et de petits champs plantés de choux, de maïs et de semis vert tendre des pousses de riz qui seront repiqués pour la récolte prochaine.

Tout au long du chemin de gros bourgs, extrêmement peuplés, assemblages hétéroclites de hautes maisons, étroites, étirées vers la campagne et s'ouvrant sur la route par une échoppe vendant indistinctement des téléphones portables, des ressorts amortisseurs de camion, du matériel de BTP ou abritant un coiffeur pour dame.

La circulation est comme attendue chaotique, désordonnée et parfois surprenante quand un buffle ou un portefaix circule à contresens sur une route à quatre voies!

Trois heures et 130 km plus tard nous sommes arrivés à Viet-Tri, nous nous rendons immédiatement à l'orphelinat où le directeur M. Phac nous offre une tasse de thé.

Vers 9 heures nous rencontrons pour la première fois Théo, dans les bras de sa nourrice; moments difficiles, ni les bras de Sylvie, ni le jeux avec les bulles de savon, ni même les galettes Saint Michel ne peuvent l'en détacher.

Quand nous avons enfin pu nous promener avec lui en dehors de l'orphelinat, c'était gagné, les pleurs ont cessé, sa découverte du vaste monde pouvait débuter.

Depuis, il va de découverte en découverte, à midi nous avons mangé dans une échoppe sur la rue, Théo est resté sagement dans les bras de Sylvie en goûtant à tous les mets, des nems à la viande et aux légumes, du choux, de la soupe aux épinards, des pomme de terre, il boit même au verre, cela doit le changer du bol de riz quotidien.

Aprés cet épisode de liberté, impossible de le ramener dans une pièce femée lui rappelant l'orphelinat, tant est si bien qu'il s'est assoupi dans mes bras après que nous ayons compté les scouters, sur un trottoir d'une grande artère de Viet-Tri en attendant la cérémonie de remise officielle.

Dés le début de cette cérémonie le Directeur du département de la Justice M. Quyen est sorti furieux en tapant du poing sur la table car les documents administratifs n'étaient pas indexés correctement. Moments assez pénibles, négociés par M. Bich pour que la cérémonie reprenne une 1/2 heure plus tard et aille à son terme. Désormais Théo est notre fils adoptif.

Depuis, il ne cesse de nous étonner par sa curiosité, son adaptabilité, par sa résistance au sommeil. Après un petit bain qu'il a adoré, malgré la fatigue. La dernière difficulté de la journée, le coucher qu'il a fallu négocier pour qu'enfin il accepte de s'allonger et que la fatigue vienne à bout de sa volonté.